Jean François MICHAUD

Tout ce que l'on connaît sur François Michaud , on le doit au livre d'Hélène MASPERO-CLERC sur Jean-Gabriel Peltier et au "Fonds FRESLON" des Archives Départementales de Loire-Atlantique.
Fils d'une famille de négociants à Calais, armateur et fortuné, François Michaud était la 185ème fortune de Nantes, il avait épousé Françoise Peltier le 27 janvier 1784 à St Nicolas de Nantes, mariage béni par son frère prêtre du diocèse de Boulogne. Il eurent plusieurs enfants, deux de ses fils eurent pour parrains des capitaines de navires: Pierre Augustin Moncousu (1) et François Jérome de Foligné (2), son petit-fils Louis-François fut témoin au mariage de sa cousine Fany Peltier avec Félix de LANGLAIS, le 23 mai 1821 à Nantes.
L'année de son mariage, avec son beau-père Jean Peltier-Dudoyer et souvent associés à Carrier (ou Carié) ils armèrent le Comte d'Angevilliers, le Comte d'Estaing, le Chérubin, puis en 1785 le Breton, le Prophète Elie, le Saint Rémy et le Bon Papa, ces deux derniers bateaux transportèrent des Acadiens en Louisiane pour le compte du roi Charles III d'Espagne (voir la page "de Nantes à la Louisiane").

A la mort de son beau-père et de son épouse en 1803, ses beaux-frères étant absents (en course ou en exil) c'est lui qui va gérer scrupuleusement les biens de la famille.

François Michaud se montrait compatissant et très conscient de ses devoirs familiaux, mais les temps étaient difficiles pour le commerce. En 1819, la crise était, selon lui, effrayante : les armateurs, les spéculateurs et les marchands subissaient des pertes écrasantes ; on enregistrait une baisse du marché et les faillites étaient nombreuses. Il se chargeait pour Jean-Gabriel d'encaisser éventuellement les sommes qui lui étaient dues par les abonnés de l'Ambigu à la Guadeloupe et aux Antilles, mais celles-ci tardaient à rentrer. Il ne pouvait satisfaire les multiples demandes de subsides et d'avance de son beau-frère Jean-Gabriel sur les biens de l'héritage paternel .

Il insistait auprès de Jean-Gabriel pour qu'il aide sa nièce Fany, la fille d'Etienne-Marie, orpheline et dans la nécessité, c'était faire preuve de beaucoup d'angélisme de sa part quand on connait les besoins de Jean-Gabriel... de plus les frères étaient brouillés en raison de leurs opinions politiques opposées.

Fany avait été ruinée par la débâcle de Saint-Domingue (où sa mère avait des biens), elle réclamait en 1819 l'assistance du gouvernement, ce n'est qu'en 1825 que la France obtint des dédommagements d'Haiti et accorda des indemnités aux colons, dont elle ne bénéficia pas.

L'armement Peltier semble avoir continué pendant quelques années encore, et comme on ne perd pas facilement ses "habitudes", l' "Alcyon" de 297 tonneaux armateurs Peltier et Pradel était confisqué par jugement du Tribunal Correctionnel de Nantes, le 9 août 1836, pour "traite de bois d'ébène"...

Il faut dire que malgré le traité signé en 1815 par l'Angleterre, l'Espagne, la France et le Portugal, abolissant la "traite" (l'esclavage ne sera aboli en France qu'en 1848), le trafic continuait toujours. C'est le traité de 1833 assimilant la traite à de la piraterie et autorisant les navires de guerre anglais et français à visiter les navires de commerce qui va marquer le déclin de ce trafic à Nantes. La sanction était dissuasive: le navire confisqué pouvait être brulé ! ce ne fut pas le cas de l' "Alcyon" qui ne fut détruit qu'en 1860.

Les navires suivants ont également appartenus à un armement Peltier, il n'est pas sur qu'il s'agisse de la même famille:

"L'Avenir" Peltier F., détruit en 1855.

"Clarisse" capitaine Camin, navire confisqué, condamné pour trafic de bois d'ébène par jugement du Tribunal Correctionnel de Nantes du 9 août 1836.

"Cyrus", 134 tonneaux, 2 cannons, disparu le 4 décembre 1824, capitaine Johanno (de la Presqu'île de Rhuys).

"Succès", brick de 204 tonneaux, capitaine Bertrand, de Nantes, parti en 1820 pour l'Ile Bourbon, a chargé 248 esclaves à Zanzibar, arraisonné par les anglais.

"Vigilant" armé à Bony pour embarquer le 5 fév. 1822, 344 esclaves, arraisonné après un combat acharné, le bateau est conduit en Angleterre. Il y eut un procès à Nantes jusqu'en 1836. Michaud voulant des indemnités ? (Voir archives du Ministère de la Justice à Nantes.)

"Ville de Dieppe" baleinier, en 1829 co-armateur avec M. Vasse, pour la chasse à la baleine en Baie de Baffin au Canada.

"Le Polletais" ou peut être "Le Pelletier", capitaine Masset, décédé en cours de route, à la suite de quoi une mutinerie s'est déclarée à bord, le bateau est rentré à Dieppe en 1829.

Ils ont du faire du sel pour les morues de Terre-Neuve


(1) MONCOUSU Pierre-Augustin, un des meilleurs marins français, né à Baugé (Anjou) en 1756, décédé à la bataille d'Algésiras, contre Nelson. D'abord marin militaire, à partir de 1781 il navigue dans la marine marchande jusqu'en 1794.
Après la guerre de 1945 la ville de Nantes a donné le nom de quai Moncousu au quai de l'Hôpital, où habitait Jean Peltier-Dudoyer... G. Montcousu a commandé un des bateaux Pelletier-DuDoyer-Michaud: Le Chérubin en 1785.

(2) de FOLIGNE François Jérome, chevalier de St-Louis et Officier de la Marine royale. On trouve un Jérome de Foligné de Chalonge qui a commandé en 1782 Le Marquis de la Chalotais, armement Peltier-Dudoyer, puis La Ménagère, flûte, navire de guerre, armé de 24 canons de 8, mise toute armée à la disposition de Beaumarchais par le ministre de la Marine, en compensation des dégâts du Fier Rodrigue. Armement Monthieu - Beaumarchais.